La FIM (Fédération Internationale de Motocyclisme) vient de valider officiellement le règlement du Championnat du Monde SuperEnduro, autorisant ainsi pour la première fois les motos électriques à concourir aux côtés des modèles à essence.
Une décision historique
Cette décision, qui risque de susciter des débats, prendra effet dès le mois de décembre prochain lors du Championnat du Monde de SuperEnduro, discipline d'enduro indoor reconnue pour ses courses spectaculaires.
Cette intégration des motos électriques marque un changement majeur pour le sport moto, mais cette décision risque aussi de diviser les passionnés. Faut-il voir dans cette intégration une progression inéluctable vers l'avenir, ou bien une intrusion dans l'univers des motos thermiques ? Ce débat reflète les positions variées des amateurs de sports mécaniques face à la modernité et à ses innovations. D’un côté, certains voient cette mixité comme une évolution naturelle de la technologie, tandis que d'autres craignent que l'essence même du sport moto soit compromise.
Cette intégration des motos électriques avait été évoquée il y a près d'un an, suite au choix audacieux de Taddy Blazusiak de rejoindre l'équipe Stark Future, spécialisée dans les motos électriques, pour participer au championnat SuperEnduro 2023/2024. Cependant, un revirement inattendu de la FIM à 48 h du début du championnat, refusant les électriques sans explications claires, avait contraint Blazusiak et Stark à mettre leur projet sur pause. Mais aujourd'hui, Anton Wass, PDG de Stark Future, a de quoi se réjouir en voyant la FIM exhausser officiellement son rêve de voir ses motos électriques Strak Varg concourir à égalité avec leurs homologues thermiques.
Une concurrence équitable entre thermique et électrique ?
Le président de la FIM, Jorge Viegas, a souligné l'importance de cette évolution :
« C’est un nouveau chapitre passionnant pour la FIM, avec l'arrivée des motos électriques en SuperEnduro aux côtés des modèles à combustion. Pour que cela se réalise, nous avons investi du temps et des recherches pour trouver un équilibre de performance entre ces deux technologies, afin qu'elles puissent concourir ensemble de manière équitable et sécurisée. »
Viegas précise également que des exigences spécifiques ont été définies, incluant des normes de sécurité (lesquelles ? ) et des ajustements des circuits, afin de garantir qu’aucune des deux technologies ne soit avantagée.
Tomasz Gagat, PDG de Sport UP Agency, ajoute :
« Ouvrir la porte aux motos électriques en SuperEnduro a nécessité une coordination minutieuse des exigences techniques et de sécurité. Grâce à une collaboration fructueuse entre la FIM, les constructeurs et Sport UP Agency, nous avons trouvé des solutions permettant aux motos électriques de participer au Championnat du Monde FIM SuperEnduro. Cela ne manquera pas d'élever l'excitation de la compétition à un niveau supérieur. »
Tout cela, c'est bien jolie, mais en fait ni Viegas ni Gagat ne précisent quelles sont les règles qui vont évoluer pour que la concurrence entre thermiques et électriques soit réellement équitable ...
Des duels motos électriques, motos thermiques inédits
La saison 2024/2025 promet d'être riche en moments historiques, notamment avec le retour du multiple champion du monde de SuperEnduro, Taddy Blazusiak, qui alignera donc avec sa Stark Varg face aux meilleurs pilotes actuels tels que Billy Bolt, star de l’équipe Husqvarna, Jonny Walker, qui a récemment rejoint Triumph, et Manuel Lettenbichler sur KTM. Cette confrontation inédite entre motos électriques et motos thermiques s'annonce intéressante.
On ignore encore si le Suédois Eddie Karlsson, qui a participé avec Blazusiak à l'Indoor Enduro of Champions le week-end dernier, sera également de la partie pour cette saison de SuperEnduro sur une Stark Varg. Si tel était le cas, ce serait la première fois que deux motos électriques participerait en catégorie Prestige du championnat SEWC, ce qui marquerait un tournant décisif dans l’histoire des courses tout-terrain.
À voir si les électriques parviennent à bousculer les cadors de la discipline
Vers une furure généralisation des motos électriques en enduro ?
L'entrée des motos électriques dans le championnat de SuperEnduro pourrait bien être le premier pas vers une intégration plus large dans d'autres disciplines moto. Des discussions sont déjà en cours pour introduire une série parallèle au championnat de motocross mondial (MXGP), prévue pour 2025, bien que, pour le moment, aucune mixité avec les motos thermiques ne soit envisagée en motocross.
Certains évoquent même l'idée que cette révolution pourrait rapidement toucher d'autres compétitions enduro, comme le Championnat du Monde de Hard Enduro, où les motos électriques pourraient bientôt trouver leur place (on se souvient par exemple d'avoir vu quelques motos électriques lors de la dernière Red Bull Romniacs ou encore de l'Alestrem 2024 avec la belle 25ᵉ place de Christophe Bruand au guidon d'une Electric Motion).
Quoi qu’il en soit, cette évolution marque un tournant dans l'histoire de la moto tout-terrain, et l'avenir des compétitions motos semble désormais se diviser entre les avancées technologiques et les traditions historiques. La saison de SuperEnduro 2024/2025 promet d'être une saison passionnante et qui sait, peut-être la première d'une nouvelle ère pour le sport moto.
Une nouvelle catégoirie Youth pour former la relève
En plus de l'introduction des motos électriques dans la catégorie Prestige, la FIM innove en lançant la Youth Class, une première dans l'histoire du SuperEnduro mondial. Destinée aux jeunes pilotes âgés de 14 à 18 ans, cette catégorie leur permettra de s’affronter sur des motos de 125cc. La Coupe du Monde FIM SuperEnduro Youth a pour ambition de développer les talents de demain, leur offrant une opportunité unique de se mesurer aux pros sur les mêmes pistes et dans les mêmes arènes.
Le Championnat du Monde FIM SuperEnduro 2024/2025 débutera le 14 décembre 2024 à Gliwice, en Pologne. Voir le calendrier SuperEnduro 2024/2025