Depuis quelques années, les motos électriques se développent de plus en plus. Le segment enduro n'échappe pas à cette tendance et voit régulièrement apparaître de nouveaux modèles électriques. Aujourd'hui, on s'intéresse à 2 motos électriques d'enduro fabriquées en France par Electric Motion, les Escapes X et XR, pour essayer de voir si ces 2 bécanes peuvent séduire les enduristes.
Pour cet essai, on a fait appel à Jeremy Morice qui avait par le passé essayé la KTM Freeride électrique et la Stark Varg, En plus de son expérience en championnat de France d'enduro au guidon d'une KTM 350 Exc-f, Jeremy aura donc des points de référence pour juger de l'efficacité des 2 motos électriques Françaises.
Cet essai s'est déroulé cet hiver dans le sud de la France sur les terres de Nicolas Deparrois, qui malgré les fortes pluies qui se sont abattues sur la région Montpelliéraine la veille de l'essai, a réussi en urgence à (re) tracer au cœur de son domaine une jolie boucle de secours pour que nous puisions tester ces motos malgré la météo capricieuse.
Jeremy :
Parlons tous d’abords de la moto à l’arrêt. Plusieurs options possibles, embrayage, sans embrayage, Récupération d’énergie appelé système PRB (c’est un levier qui remplace l’embrayage et qui permet d’activer la récupération d’énergie, une sorte de frein moteur pilotable).
Les 2 motos sont très fines entre les jambes et assez basse (au vu de ma taille 1,73 m, c’est plutôt très agréable de pouvoir enfin poser les pieds des deux cotés !). L’utilisation de ces bécanes électriques est assez simple : un bouton pour démarrer et ensuite ont choisi parmi 3 modes de puissances disponibles. Attention à ne pas accélérer par mégarde en ayant le moteur allumé au maximum de puissance, avec le couple instantané, vous risquerez de vous retrouver sur le cul sans même vous en rendre compte !
Escape X vs Escape XR
Avant d'entamer cet essai, examinons les différences entre les modèles X et XR. L'Escape XR dispose d'un embrayage hydraulique, tandis que le X non, mais on peut l'ajouter un embrayage en option. La fourche de l'XR dispose de setting Electric Motion, tandis que la fourche X est standard. L'amortisseur de la XR dispose d'une bonbonne externe pour une meilleure dissipation de la chaleur, tandis que l'amortisseur X est standard. Le modèle X est un peu moins puissante (1 kW de moins) que l'XR et pèse environ 1 kg de plus que le XR. Enfin, l'Escape X est livrée avec un chargeur de 15 ampères tandis pour la XR le chargeur est un 25 A (pour une charge plus rapide).
Coté tarifs, l'Escape X est proposée à 10 045 € (bonus déduit) tandis que l'XR est à 11 965€ (bonus déduit). À noter que les 2 modèles sont homologuées 125 cm³.
L'Escape X : temps d'adaptation nécessaire
Les premiers tours de roue, sont assez déstabilisants, car déjà le gabarit est plus proche d'une moto de trial que d'une bécane d'enduro. En plus, il m'a fallu un moment d'adaptation pour comprendre la gestion du système PRB (récupération d'énergie similaire a un frein moteur) actionnable via un levier à la place de l'embrayage. À vouloir, par habitude des thermiques, jouer avec ce levier que je croyais d’embrayage, je m'emmêlais les pinceaux et j'activais la récupération d'énergie au lieu de l'embrayage. Donc la moto ne réagissait pas comme je l'imaginais et c'est assez perturbant de se retrouver avec un "frein" en lieu et place d'un embrayage.
Une fois passé ce cap et bien enregistré que ce levier n’est pas un embrayage, ça devient plus simple de piloter cette Escape X (j'ai finalement préféré ne plus toucher à ce levier PRB) !
Après avoir essayé la courbe soft (courbe verte) puis la courbe intermédiaire (bleu) je me rends rapidement compte que c'est avec la courbe rouge (la puissance maximale) que la moto est la plus fun et surtout la plus réactive quand on fait du franchissement un peu plus engagé. Certes ça "pompe" plus vite sur la batterie, mais au diable l'avarice, car bien essayer de pousser cette X dans ses retranchements.
En action, on se rend vite compte que l'Escape X possède une rélle filiation trial. On est sur un petit gabarit qui m'évoque plus celui d'une KTM freeride, que ma 350 EXC-F. Cette taille de guêpe, rend la moto super maniable. Avec une dizaine de kilos de moins qu’une enduro thermique, dans le sinueux la moto est super facile à piloter, elle est maniable à souhait et super joueuse, c'est presque un vélo. La moindre bosse devient un prétexte à tenter des jumps improvisés sans forcer ! C'est une moto née pour le freeride plaisir ! Sur notre boucle sinueuse, c'était le pied !!
En roulant dans les descente avec l'absence de bruit caractéristique des électriques, on a presque l'impression d’avoir un gros vélo de DH entre les jambes. Mais, c'est bien mieux qu'un vélo (même électrique) car la puissance du moteur de l'EM permet (presque) de grimper aux arbres et de tenter de gros franhissement. Car oui, le franchissement (on n'a pas dit le hard-enduro) est bien un des domaines d'excellence de l'Escape X. Grâce à l'arrivée quasiment instantanée de la puissance électrique, avec un simple coup de gas (bien franc), on peut délester la roue avant et franchir assez facilement la moindre marche sans être obligé de posséder un gros bagage technique.
De part sa filiation trial, en position debout je me sentais bien sur la moto, mais en position assise ce n'est pas la même musique. Bien que la selle soit confortable, en position assisse, j'ais les genoux trop haut et je me sens trop à l'étroit, car la distance entre les cale-pieds et la selle est plus réduite qu’avec une moto d'enduro "classique". Dans ces conditions, c'est par exemple très compliqué de prendre un virage avec une ornière en position assise jambe tendue. L'Escape n'est clairement pas une moto pour chasser le chrono en spéciale, d'autant plus que l'on trouve vite la limite des suspensions dans les trous à haute vitesse (on arrive vite en butée).
Sans surprises, la moto n’est pas faite pour récumer les spéciales de championnat de France, car elle n’est pas taillée pour ça ! L'Escape X grâce son gabarit réduit est bien plus taillée pour la balade en mode freeride et pour s'amuser dans du franchissement en mode fun.
Escape XR : plus puissante et plus facile
Extérieurement, l'Excape XR est très similaire à l'Escape X, et mise à part l'absence de plaque phare (absence assez incompréhensible car l'XR est homologuée route comme la petite sœur) pas évident de différencier les 2 motos.
Comme annoncé sur le papier, en action, l'Escape XR dispose d'un petit surplus de puissance. Ce supplément de boost rend les phases de franchissement encore plus facile. En plus, cette XR est équipée de série d'un embrayage avec son levier au guidon. Le fonctionnement de cet embrayage est très semblable à celui d'un moteur thermique. Il permet de faire monter dans les tours le moteur électrique en faisant légèrement cirer l'embrayage, on dispose alors d'une moto encore plus facile pour passer les obstacles ou attaquer une grimpette sans élan. Comme avec la X, le couple du moteur électrique est vraiment appréciable. Ça permet de s'attaquer à des obstacles imposants bien plus facilement qu'avec une bécane d'enduro thermique (qui sera beaucoup moins réactive et plus lourde). En plus, gros avantage des électriques, c'est que l'on n'a plus pas à gérer les vitesses. Ça simplifie réellement la vie dans toutes les phases de pilotage.
Avec cet embrayage et son surplus de puissance, la XR même si elle est très proche de la X a tout de même ma préférence, car elle m'a demandé moins de temps d'adaptation et m'a permis de m'attaquer à des obstacles plus imposants.
Petit bémol a mon enthousiasme lors de les premier tout de roue lors de l’attaque d’une montée la moto s’est coupé et s’est mise en défaut pour aucune raison. Mais avec ma super expérience dans la réparation des box internet (débrancher /rebrancher) j’ai solutionné le problème en l’arrêtant et en redémarrant la moto ! Je ne sais pas ce qui s’est passé mais elle a redémarré sans problème ! Avantage ou désavantage de l'électrique, c’est à vous de choisir !
Coté partie cycle, même si les éléments de suspension sont un peu différents, le comportement global est assez similaire. On est toujours en présence d'une petite moto, très agile et assez stable. Comme la X , elle sera particulièrement à l'aise pour rider dans les chemins sinueux , le freeride et le franchissement mais montrera elle aussi ses limites dès que l'on hausse la cadence dans le défoncé. À noter que le freinage des 2 motos est très efficace, l’ensemble Nissing permet de disposer d'une bonne puissance de freinage et vu le poids réduits des 2 bécanes, ça permet de s'arrêter dans un mouchoir de poche sans forcer.
Conclusion : des motos de freerique faciles et silencieuses
Ces 2 motos électriques sont pour moi une sacrée découverte. Au début de cet essai, j'avais en tête de les comparer avec une moto d'enduro classique (thermique) mais en fait non, ce n'est pas comparable. Les Escapes sont un peu le chainon manquant entre moto d'enduro et moto de trial . Au-delà de la différence majeure du moteur électrique, le gabarit vraiment en fait des motos atypiques. Une partie-cycle compacte, une hauteur de selle reduite et un poids plume vous permettront de dominer la moto dans presque toutes les situations . En action, on apprécia leur maniabilité, leur couple en bas régime, la réactivité étonnante des motorisations électriques et l'absence de passages de vitesse, ce qui représenté un avantage certain en termes de temps de réaction et de concentration du pilote.
Pour moi ce qui caractérise les Escape c'est une vraie polyvalence pour des activités mixtes trial-enduro et leurs habitudes pour le franchissement.
Côté autonomie, Electric motion annonce 80 km avec une batterie chargée. Je n'ai pas pu vérité ça, mais ce que je sais, c'est qu'en m'élançant sur une boucle de 15 min à un rythme soutenu sur le mode puissance maximale (avec une pointe de vitesse à 70 km/h), j’ai consommé environ 20 % de la batterie.
Pour qui ? pou quoi ?
Pour moi ces Escape conviendront a 2 types de motards, les débutants qui veulent s'initier à l'enduro et au franchissement avec une moto super facile et sécurisante. Ou pour ceux qui possèdent déjà une moto d'enduro mais qui veulent une seconde moto d'appoint pour faire du freeride ou se perfectionner au franchissement.
Après le hic c'est le prix car à plus de 10 k€ la moto ça fait un peu "chero" la moto moto d'appoint. Mais pour ce tarif vous aurez une moto fabriquée en france dont la qualité de fabrication et d'assemblage est parmi les standards les plus élevée (ce ne sont pas vraiment des motos Wish made in china qui explosent au premier choc). Peut être faudrait-il prendre aussi en considération le fait que le cout de l'entretien sera plus faible sur ces motos électriques ( pas de filtre à aire , pas d'essence, pas d'huile , pas de changement de piston) mais 'est difficile a mettre en balle ce point quand on n'a pas le recul pour savoir combien de temps durera la batterie et/ou d'autres éléments électriques.
Silence, on tourne !
Et oui, c'est un point que je n'ai pas encore abordé mais le l'absence de bruit des motos électriques, n'est pas un point à négliger.
On ne va pas se mentir, j'aime le bruit de moteur thermique et j'aurais du mal a m'en passer. Mais une bécane silencieuse c’est aussi agréable en fin de journée ... Et surtout mine de rien ça permet aussi tout simplement de pouvoir rouler dans des endroits qui sont maintenant inaccessible à une bécane thermique. Mais ne soyons pas trop enlégiques, car pour ceux qui ne nous aiment pas et ne veulent pas de moto dans les chemins , que ce soit une électrique ou thermique, pour eux pas de différence et l'absence de bruit ne resoudra pas tous les problèmes....
Pour plus de données tecthnique et infos sur le smotos électrique d'Electric Motion vosu pouvez visiter le site officiel EM