De retour sous la chaleur Argentine du mois novembre 2023, avec la seconde partie du reportage inside de Jeremy Morice. Dans cette dernière partie, Jeremy nous fait revivre ces 6 jours de course (qui reste à ce jour la course la plus épouvante qu'il est disputé) et il nous livre son avis sur la Sherco 300 SEF 2024 qu'il découvrait lors de cette épreuve hors-norme.
Jour 1 : 7h30 de moto pour 215 km
Clairement le jour le plus difficile que j’ai connu sur une moto ! Le premier tour se passe bien, je pointe à la 61ᵉ place. Malgré une chute où je regrette de ne pas avoir mon gilet enduro de protection intégral (Ndlr : voir la partie #1 pour comprendre pourquoi Jeremy n'avais pas son gilet intégral), j’ai le coude bien ouvert et la tête un peu sonnée…(un grand merci aux infirmières de l’équipe pour le nettoyage quotidien de la plaie !) comme l’année dernière, lors de cette première journée, on passe notre temps dans la poussière à rattraper les pilotes moins rapides.
La liaison était très usante : cailloux, sable, fesh fesh. Pour ceux qui ont fait du sable, la liaison ressemblait au dernier tour au Touquet, en rajoutant les pierres et les cactus. En résumé, aucun moment de répit !
Mais le facteur qui a rendu la journée encore plus compliquée, c'est la météo ! 43 degrés et 20% d’humidité. Les organismes ont été mis à rude épreuve. Une centaine d’abandons le premier jour avec 24 pour déshydratations sévères. Il m’était compliqué de boire et même impossible de manger. J’ai été pris de nausée. L’objectif était de rallier l’arrivée le soir !
Une pensée au pilote français qui s’est blessé et qui a dû abandonner suite à un problème mécanique. En plein milieu du désert il poussait sa moto. Mais c’était peine perdue… Bon rétablissement à toi !
Je prends une minute de pénalité. Je n’avais pas l’habitude de changer le filtre à air sur la Sherco, donc j’ai perdu trop de temps lors du remontage…
Bref la journée est finie et le pneu arrière est changé. Je termine 75ᵉ de cette première journée et l’équipe est 17ᵉ sur 77 équipes.
Maintenant reste à savoir comment aborder la seconde journée. Car côté météo, pas de baisse de température annoncée pour demain du côté de San-Juan...
Jour 2 : 6h30 de moto et 170 km
En raison des conditions climatiques qui ont fait des dégâts lors de la première journée, les organisateurs ont allégé cette deuxième journée.
Des grands chemins ont remplacé certaines portions de liaison. Malgré ça, j’ai subi toute la journée. Les effets de ma déshydratation de la veille se faisaient encore sentir, car je n'avais pas vraiment la pêche. Objectif donc, mode survie activé et objectif du jour rallier l’arrivée en perdant le moins de temps possible. Les spéciales sont totalement détruites. Mon manque de lucidité ne me permet pas de me faire plaisir sur la moto… je morfle.
Mais tant bien que mal, la journée se finit. Ce soir, c'est au tour du pneu avant d’être changé. Sur ce terrain les pneus souffrent et c'est difficile de faire plus d'une journée avec !
Jour 3 : 240 km, 7h30 de moto
Enfin des températures plus agréables ! Sur cette boucle, c'était direction les montagnes. La boucle est magnifique. Un sol caillouteux avec des longs pierriers en montée et des chemins de crêtes où il y a simplement la place des roues au sol ! Malgré une première spéciale où je tombe au deuxième virage, ce fut une bonne journée. Beaucoup de plaisir à rouler sans subir.
La 300 sherco est une arme dans ces spéciales caillouteuses qui demande de la force moteur pour jouer avec les trous/cailloux ! Le moteur est facile. L’allonge est bluffante ! La moto est facile et le châssis pardonne beaucoup ! Un petit travail sur les suspensions est nécessaire pour être pleinement en confiance. Certaines réactions, surtout sur les petits chocs, peuvent être améliorées !
P65 et p14 en équipe ! Au tour du pneu arrière d’être changé ! Juste une petite chute dans le paddock en partant, sinon ce n’est pas marrant. Mais je ne préfère pas vous la décrire, car se coucher devant tout le monde dans le paddock, c'était assez ridicule comme ça. ;-)
Jour 4 : 240 km et 7h30 de moto
On prend les mêmes et on recommence. Les spéciales sont ravagées. La première est un mélange de fesh-fesh et de sable, je suis bien content d’en sortir !
Histoire de bien finir la journée, je décide d’embrasser un joli buisson épineux, plus de peur que de mal. Aucune épine ! (mauvais passif avec des histoires d’épines….) Oufffff !
Jeudi soir, les 2 pneus ont morflé aujourd'hui, donc je change l'arrière et l'avant !
Jour 5 : 200 km et 7H de moto
La première spéciale après au bout de 5 min de moto ,me semble interminable, elle débute dans un canyon puis la plus grosse partie dans un Rio. La chaleur est de retour, j’ai des ampoules aux mains, elles me font mal et me gênent pour utiliser l’embrayage et le frein avant.
Une journée très compliqué, en plus dans la seconde spéciale, je pars à la faute. Nous devions traverser à plusieurs repris un cours d’eau. Lors du dernier passage dans celui-ci, je finis dans l’eau, la moto aussi. Heureusement, j'ai de la chance, la moto ne s’est pas arrêtée, l’eau n’est pas rentrée dans le moteur ! J’échange avec mon ami Théo, lui disant, qu’au prochain tour, j'aurai besoin d'une bouée…
La troisième spéciale est une spéciale plus variée et moins rapide qui me convient plus. Beaucoup de plaisir à y rouler. La liaison du troisième jour est magnifique avec des passages dans des canyons et des chemins de crête. Des chemins similaires à des montagnes russes avec un grip phénoménal sur les rochers !
Vendredi soir, le plus dur est donc fait. Les six motos du team sont au parc et n’ont montré aucun signe de faiblesse. Un environnement très hostile pour les pilotes comme pour les motos. Solide donc ces Sherco 2024 !
Dernier jour
Samedi matin direction le cross final. Une liaison de 20 min pour aller sur le terrain de cross. J'en profite au maximum. Ce sont les derniers tours de roues en Argentine. Oui, en Argentine, à plus de 10 000 km de la France ! Je rentre un des derniers en pré-grille. Tour de reconnaissance et on s’installe derrière la grille. Je ne réalise pas un bon départ et je me fais serrer à l’intérieur. Le pilote devant moi chute. Je suis dans les 5 derniers à la sortie du premier virage. Presque Le holeshot en partant de la fin ;-). La manche dure 15 min. Le terrain s’est troué et les réceptions tapent. Il m’est de plus en plus difficile de tenir le guidon. Je remonte quelques places, double un pilote dans le dernier tour (qui est le pilote derrière moi au classement général, c’était une question d’honneur !!) et une joie immense lorsque je vois le drapeau à damier !
Petite frayeur lors de la manche des 37 meilleurs pilotes clubs, Noa chute fort et est évacué par ambulance. Après quelques examens, il peut sortir de l’hôpital on est bien content de le retrouver le soir !
Une fois le cross final terminé et après avoir vu rouler les pilotes Trophées, Juniors et les Féminines, il est temps de ramener la moto. Plusieurs options étaient possibles, soit rentrer par la route, soit prendre la liaison du matin à l’envers. Je choisi de prendre la liaison à l’envers. Je prends mon temps et m’arrête à quelques endroits pour contempler ces paysages si différents.
Au retour sur le circuit où se tient le paddock, je ressens le même sentiment qu’il y a un an au Puy en Velay… Voir toutes les structures en cours de démantèlement m’attriste ! (Vivement 2024)
Il est déjà l’heure de remettre en caisse les motos…
Le bilan
Sur les 77 équipages au départ le lundi matin, notre équipe #1 termine 7ᵉ et l’équipe #2 dont je fais partie termine 12ᵉ. En solo, Gabin avec la petite 125 termine 16ᵉ, Noa 34ᵉ, Kevin 33ᵉ, Florian 50ᵉ et Adrien 51ᵉ. Je termine 62ᵉ
Au terme de ces ISDE je suis vraiment satisfait d'avoir eu l'opportunité de faire ces 6 jours au guidon de cette 300 4T Sherco 2024. J’ai pu apprécier le nouveau moteur qui a gagné de la force à tous les régimes et un châssis facile où l’on est rapidement alaise ! La seule chose à lui reprocher sur ces 6 jours de course, c'est le système de fixation du filtre à air qui mériterait une vis un peu plus longue pour pouvoir accrocher le filetage plus facilement.
Quelle épopée !
Mes derniers mots seront pour les personnes qui de près ou de loin ont permis ce voyage. Merci la Lozère Enduro Team de m’avoir accueilli. Énorme merci à Théo, mon assistant/suiveur/photographe/instagrameur. Et enfin un grand merci tous les partenaires qui sans eux tout ceci n’aurait pas été possible. MILLE MERCI !
To be continued