Liquidation de Wess Promotion GmbH : le boss Winfried Kerschhaggl s'explique sur l'avenir du hard enduro mondial

Les répercussions de la mise sous administration judiciaire de KTM AG se font désormais sentir jusqu’à l’organisation du Championnat du Monde FIM Hard Enduro. WESS Promotion GmbH a annoncé son entrée en liquidation, un bouleversement qui pourrait ne pas être le dernier à affecter l’univers de l’enduro.

Créée en 2018 sous la direction de Winfried Kerschhaggl, WESS Promotion GmbH avait lancé le "championnat" WESS, qui a ensuite évolué pour devenir le Championnat du Monde FIM Hard Enduro. Le financement de la société WESS pour assurer la promotion du championnat (HEWC) reposait sur plusieurs partenaires majeurs, parmi lesquels Red Bull et KTM qui jouaient un rôle clé, notamment dans des événements emblématiques comme l’Erzbergrodeo.

Avec une réduction du soutien de Red Bull pour la saison 2024 du HEWC, la dernière chose que WESS pouvait se permettre était un désengagement de KTM. Cependant, le groupe KTM, confronté à une dette abyssale de près de 3 milliards d’euros, a commencé à réduire drastiquement ses dépenses pour tenter de se sauver. Ce retrait de KTM a été le coup de grâce, signant l’arrêt de mort de WESS Promotion GmbH.

Les "explications" de Winfried Kerschhaggl

Dans cette interview, Winfried Kerschhaggl confirme ce que nous vous avions annoncé hier (la liquidation judiciaire Wess Promotion GmbH) . De plus, il évoque des perspectives sur l’avenir du championnat du monde hard enduro, ainsi que sa vision des défis à venir et des opportunités qui découlent de cette transition. Cependant, une lecture attentive de ses propos laisse entrevoir une certaine tendance à minimiser sa responsabilité dans cette débâcle, se concentrant davantage sur les circonstances externes et la responsabilité de KTM ...

SPEEDWEEK : Winni, quel est l’impact de la situation actuelle chez KTM sur le Championnat du Monde FIM Hard Enduro ?

Winfried Kerschhaggl : La société WESS Promotion GmbH va entrer en liquidation. Ce développement nous affecte non seulement en tant qu'organisation, mais aussi sur un plan personnel. Malgré cela, notre équipe dirigeante est déterminée à poursuivre le Championnat du Monde FIM Hard Enduro sous une nouvelle entité juridique. WESS Promotion GmbH avait pour rôle principal de couvrir nos coûts opérationnels, et son financement provenait majoritairement de KTM.

SPEEDWEEK : Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour la saison à venir ?

Winfried Kerschhaggl : Nous prévoyons de conserver en grande partie le calendrier annoncé. Toutefois, des ajustements nécessaires pourraient concerner les courses à l’étranger, en particulier l’épreuve des Outliers au Canada. Cette décision s’explique non seulement par notre besoin de réduire les coûts, mais aussi par les contraintes auxquelles font face les équipes. Les frais de déplacement, déjà un défi, deviennent un obstacle encore plus important. Notre priorité actuelle est de maintenir la série en vie.

SPEEDWEEK : Assurer une sécurité de planification pour les organisateurs, les équipes et les pilotes semble nécessiter des actions rapides avec cette nouvelle entité.

Winfried Kerschhaggl : Tout à fait ! Nous avons échangé avec tous les organisateurs, même ceux dont les événements ne figurent pas dans le calendrier 2025. Sans exception, ils souhaitent que le championnat continue. La majorité préfère également que cela se fasse en collaboration avec la FIM. De plus, ils souhaitent travailler avec l'équipe dirigeante actuelle, car l'expérience et les enseignements des dernières années offrent une base solide. Nous avons également contacté des sponsors potentiels immédiatement, et les premières discussions sont très encourageantes.

SPEEDWEEK : Pensez-vous que cette situation difficile ouvre également des opportunités ?

Winfried Kerschhaggl : Sans aucun doute. C’est une période douloureuse, mais tout le travail que nous avons investi dans le championnat au fil des ans ne doit pas être gaspillé. L’énergie consacrée au développement d’événements individuels ne doit pas non plus être perdue. Nous avons beaucoup appris et nous voyons un potentiel important. Ce nouveau départ nous offre l'opportunité de repenser et d'améliorer fondamentalement le championnat.

SPEEDWEEK : Pouvez-vous donner un exemple de contraintes auxquelles vous faisiez face ?

Winfried Kerschhaggl : Il y a plusieurs années, nous avions proposé un concept pour une catégorie dédiée aux motos Adventure. À l'époque, cela avait été rejeté, car KTM estimait ne pas avoir de pilote capable de remporter cette catégorie. Par ailleurs, nous pouvons maintenant envisager sérieusement l’introduction de motos électriques ou même d’une classe dédiée aux quatre-temps. Cela ouvre des opportunités pour créer de nouvelles plateformes où les constructeurs, les pilotes, les sponsors et les clients peuvent se mettre en avant dans l’univers des sports mécaniques d’élite.

Ici encore, si la réduction des coûts est une réalité incontournable, on peut se demander pourquoi WESS n’a pas anticipé de tels risques en diversifiant ses partenariats ou en élaborant un modèle économique plus résilient. Cette vision, largement centrée sur des solutions à court terme, illustre peut-être une gestion trop dépendante des géants de l’industrie comme KTM et RedBull ?

À lire aussi :

KTM dépose une demande d'insolvabilité : une situation qui semble bien plus grave que prévu

First Racing : la fin d’une belle aventure française en 2025