Ancien pilote d’enduro de haut niveau, Maurizio Micheluz veille désormais sur chaque manche du championnat du monde d’enduro. En tant que EnduroGP FIM Track Inspector, il est mandaté par la Fédération Internationale de Motocyclisme (FIM) pour garantir la qualité, la sécurité et la cohérence des tracés tout au long de la saison.
À la rencontre de Maurizio Micheluz, le Track inspector de l'enduroGP *
Depuis les spéciales extrêmes jusqu’aux liaisons les plus techniques, c’est le pilote Italien qui valide chaque mètre du parcours avant le passage des pilotes. Une mission exigeante, souvent invisible pour le grand public, mais absolument cruciale pour le bon déroulement d’une épreuve EnduroGP. Connaissance du terrain, anticipation des risques, adaptation aux conditions… l’Italien met son expérience de pilote d'enduro à haut niveau au service du paddock mondial depuis plus de dix ans.
Rencontre avec un homme de terrain, passionné et rigoureux, dans une interview accordée au promoteur officiel du championnat du monde d’enduro.
* Track Inspector : inspecteur officiel des tracées de l'EnduroGP
Quel est ton rôle officiel sur le championnat du monde EnduroGP ?
« Mon rôle officiel est FIM Track Inspector, je travaille pour la FIM afin de superviser les pistes lors de chaque manche du championnat EnduroGP. Je vérifie si tout est en ordre, si les horaires sont corrects, et si des éléments dangereux doivent être modifiés sur les spéciales. Le but, c’est d’aider l’organisateur à proposer une course de haut niveau, conforme aux standards d’un championnat FIM. »
Comment es-tu arrivé dans ce rôle ?
« J’étais pilote en championnat du monde d’enduro pendant neuf ans. Ma première saison complète remonte à 2004. J’ai terminé deux fois cinquième en Enduro1, avec quelques podiums. En 2015, sans guidon, j’ai su que Giovanni Sala, alors FIM Track Inspector, allait arrêter. Je parlais plusieurs langues, j’avais 33 ans… Je me suis dit que c’était une bonne opportunité. Aujourd’hui, c’est déjà ma 11e saison dans ce rôle. »
En plus de son Job de Track Inspector Maurizio continue à rouler à haut niveau en championnat d'Europe d'enduro (il a 2025 décroché son 14ᵉ titres européen !) et en championnat Italien.
Quand commence ton travail chaque saison ?
« Il n’y a pas de format standard : tout dépend du calendrier et des lieux. En 2025, presque toutes les manches reviennent sur des sites connus, sauf le GP d’Espagne. J’y ai fait une inspection en novembre pour échanger avec l’organisation. Mais globalement, j’arrive le lundi de la semaine de course et je commence directement à tout vérifier avec les organisateurs. »
Quelles sont tes tâches au quotidien pendant un EnduroGP ?
« Le lundi et mardi sont dédiés aux spéciales, pour qu’elles soient prêtes pour la reconnaissance des pilotes mercredi. On évite de modifier ensuite, sauf urgence. Mercredi, je fais tout le parcours à moto pour vérifier les horaires et prévoir des variantes pour les catégories Open et Féminines. Jeudi, je travaille avec l’équipe TV pour filmer le preview. Vendredi, c’est les réunions, briefings pilotes et le Super Test Akrapovič. Le week-end, je me rends à moto sur les points sensibles, comme la spéciale extrême Polisport ou l’enduro test GMOTO, pour réagir vite en cas de problème. »
En plus de rouler sur tout les spéciales pour les valider ou non , Maurizio roule aussi sur tout le parcours pour là aussi valider les différentes boucles
Et concernant l’environnement, quelles sont les consignes ?
« En 2025, on revient sur des lieux connus, ce qui aide à mieux gérer l’impact. Je recommande d’utiliser le minimum de rubalise possible, surtout en forêt. Si on peut s’en passer, on ne l’utilise pas. L’objectif, c’est de respecter au mieux les zones naturelles. »
Quand tu découvres une spéciale pour la première fois, que ressens-tu ?
« Chaque découverte est unique ! Parfois c’est trop facile, parfois trop dur. Chaque pays a sa culture enduro. L’objectif est toujours de trouver un bon niveau technique, dans l’esprit d’un championnat du monde. »
Les tracés sont-ils pensés pour les top pilotes ou pour tous ?
« Il faut un équilibre. Bien sûr, c’est fait pour les meilleurs, mais les autres doivent pouvoir passer. On ne peut pas concevoir un test uniquement pour cinq pilotes. Il faut que les meilleurs se régalent, et que les autres soient mis au défi. »
Selon toi, c’est quoi une bonne spéciale ?
« Il faut de la longueur, de l’intensité, et qu’elle soit visible pour le public et accessible aux médias. Mais surtout, elle doit rester stable et franchissable, même après deux jours de passage. »
Le métier de l’ombre qui garantit le spectacle
Sous la supervision de la FIM, Maurizio Micheluz assure la cohérence technique et sportive du championnat du monde. Grâce à son œil d’expert, chaque spéciale du circuit EnduroGP est le fruit d’un équilibre entre challenge, sécurité et plaisir de pilotage. C’est aussi lui qui veille à minimiser l’impact écologique du tracé. Un rôle essentiel, souvent invisible, mais dont dépendent directement la réussite et la crédibilité de chaque manche.
Calendrier 2025 du Championnat du Monde EnduroGP
Manche | Dates | Lieu |
---|---|---|
🇵🇹 GP du Portugal | 4-6 avril | Fafe |
🇪🇸 GP d’Espagne | 2-4 mai | Oliana |
🇸🇪 GP de Suède | 23-25 mai | Skövde |
🏴 GP du Pays de Galles | 1-3 août | Rhayader |
🇵🇹 GP du Portugal | 12-14 septembre | Vila de Rei |
🇮🇹 GP d’Italie | 26-28 septembre | Darfo Boario Terme |
🇩🇪 GP d’Allemagne | 17-19 octobre | Zschopau |
Source & crédits : Cet article est basé sur une interview publiée par le promoteur officiel du championnat sur www.endurogp.com.
Crédit photo : Maurizio Micheluz / EnduroGP