C’est un message rare, grave, et profondément inquiétant que le bureau du Moto Club Lozérien vient de publier sur ses réseaux sociaux. À quelques semaines de la 39ᵉ édition du Trèfle Lozérien AMV, prévue du 6 au 8 juin 2025, l’un des événements majeurs de l’enduro en France, les organisateurs dénoncent un véritable « parcours du combattant administratif », allant jusqu’à évoquer la possible disparition de l’épreuve.
Le poids des contraintes administratives… et des injustices
Depuis plus de 35 ans, le Trèfle Lozérien AMV fait vibrer la Lozère et l’univers de l’enduro. Mais aujourd’hui, c’est un cri d’alerte que pousse le Moto Club : l’organisation devient de plus en plus difficile, étranglée par des règlements toujours plus lourds, des études d’impact environnemental coûteuses, et des procédures inadaptées au terrain. Le tout dans un climat de plus en plus anxiogène pour les bénévoles.
Symbole de cette dérive, le président du Moto Club Lozérien , figure locale du bénévolat, a récemment été convoqué au commissariat, photographié, fiché et soumis à une prise d’empreintes pour avoir simplement élagué des branches sur un chemin utilisé par la course. Un geste de sécurité élémentaire, devenu sujet à poursuite, comme s’il s’agissait d’un acte répréhensible. Le choc est profond : comment en est-on arrivé à criminaliser la prévention ?
Une mobilisation intacte… pour combien de temps ?
Malgré cette pression, le Moto Club Lozérien reste mobilisé pour offrir une édition 2025 à la hauteur des précédentes. Mais le message est sans ambiguïté : si rien ne change, cette édition pourrait être la dernière.
Ce serait un véritable séisme pour l’enduro français. Le Trèfle, ce n’est pas une simple course. C’est un monument du calendrier, une fête populaire qui réunit chaque année des centaines de pilotes, des milliers de spectateurs, et génère des retombées économiques majeures pour le territoire : hébergement, restauration, tourisme, artisanat… toute la Lozère en profite. Ce lien fort entre sport et vie locale semble pourtant totalement ignoré par les services de l’État.
L’administration déconnectée du terrain ?
C’est peut-être là le point le plus incompréhensible : le décalage croissant entre les réalités de terrain et la logique administrative. L’organisation du Trèfle se heurte à une accumulation de contraintes venues de bureaux souvent très éloignés de la Lozère, appliquant des règlements avec une rigidité insensible au contexte.
La sécurité des pilotes et des spectateurs oubliée
Et si l'on parle beaucoup d'écologie dans les réunions, la sécurité des pilotes, des bénévoles ou du public est quasiment absente des discussions. Pourtant, dans une discipline aussi exigeante que l’enduro, elle devrait être au cœur de chaque décision. Ce déséquilibre dans les priorités interroge : à quoi bon protéger les chemins si l’on néglige ceux qui les empruntent ?
Une inégalité entre territoires
Le Moto Club pointe également le manque d’harmonisation des contraintes d’un département à l’autre. Certaines épreuves similaires sont organisées avec des exigences bien moindres ailleurs, ce qui renforce un sentiment d’injustice territoriale. En Lozère, la rigueur semble décuplée, parfois au détriment du bon sens.
Un risque plus large pour l’avenir du sport amateur
Ce signal d’alarme dépasse le cadre du Trèfle. Il résonne avec ce que vivent aujourd’hui de nombreux organisateurs d’événements en milieu rural : un épuisement face à une technocratie qui semble avoir perdu tout lien avec la réalité locale. À terme, c’est l’ensemble de la vie associative et sportive des campagnes qui pourrait être menacé.
Veut-on vraiment mettre la Lozère sous cloche ?