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Rallye Paris-Dakar : quand les motos ont quittés les pistes Africaines

Pendant des décennies, le bruit des motos dans les dunes du Sahara a été la bande-son emblématique du Rallye Paris-Dakar. Cette course mythique, née en 1978, a longtemps fait rêver les motards du monde entier avec ses paysages spectaculaires et ses défis extrêmes à travers l'Afrique.

Mais depuis 2009, les pilotes ne s'élancent plus sur les pistes africaines. Pourquoi ce changement radical qui a bouleversé l'histoire de l'épreuve ? Plongeons dans les raisons qui ont poussé les organisateurs à délocaliser le Dakar, modifiant à jamais l'expérience des pilotes moto.

Paris-Dakar : la naissance d'une légende du sport mécanique

Le Paris-Dakar a vu le jour grâce à la vision de Thierry Sabine, lui-même motard passionné. Après s'être perdu dans le désert libyen lors du Rallye Abidjan-Nice en 1977, Sabine imagine une course aventurière reliant Paris à Dakar. Dès la première édition en 1978, les motos sont au cœur de l'événement. Sur les 182 véhicules au départ, 80 sont des motos.

Les premières années voient s'imposer des légendes de la moto comme Cyril Neveu, Hubert Auriol et Gaston Rahier. Les Yamaha XT500, BMW R80G/S et Honda NXR deviennent des icônes du 2 roue. Les images télévisées tous les soirs des pilotes luttant contre les éléments, traversant les oueds asséchés et franchissant les dunes, marquent l'imaginaire collectif.

La Yamaha 500XT de 1981 - photos Yamaha

L'épreuve moto du Dakar devient rapidement l'une des épreuves sportive (et aventure humaine)  plus difficiles au monde. Les pilotes affrontent des étapes marathons de plus de 1000 km, parfois sans assistance. La navigation au roadbook, les tempêtes de sable et les nuits glaciales dans des bivouac de fortune forgent des histoires d'héroïsme et de dépassement de soi de ces héros des temps moderne.

30 années d'âge d'or africain pour le rallye

Pendant 30 ans, le Dakar reste indissociable de l'Afrique. La course traverse différents pays comme le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie, le Mali ou la Libye. Chaque édition apporte son lot de défis : les cailloux tranchants du Ténéré, les dunes géantes de la Mauritanie, les pistes cassantes et piègeuses du Kenya.

Cette période voit émerger de véritables héros de la moto tout-terrain comme Stéphane Peterhansel qui y remportera 6 victoires en moto avant de passer à l'auto. Fabrizio Meoni, Richard Sainct et Marc Coma s'illustrent également. Les constructeurs se livrent une bataille technologique intense, KTM finissant par détroner Yamaha et dominer l'épreuve.

Pour de nombreux pilotes amateurs, participer au Dakar en Afrique représente l'aventure ultime. Beaucoup économisent pendant des années pour vivre ce rêve. L'ambiance unique du bivouac, la solidarité entre concurrents et la découverte de cultures différentes font partie intégrante de l'expérience.

Le Rallye Dakar, durant ses 30 années en Afrique, a été certes marqué par des moments d'exaltation mais i ne faut pas oublier que le rallye reste réussit dangereux et le Dakar fut, lui aussi, marqué par des tragédies  humaines durant cette période Africaine :

La mort de Thierry Sabine (1986) : Le créateur du Rallye Dakar, Thierry Sabine, trouve la mort dans un accident d'hélicoptère au Mali. L'hélicoptère s'écrase à cause d'une tempête de sable, tuant également quatre autres personnes à bord dont Daniel Balavoine.

Jean-Pierre Leduc (1988) : Le motard français Jean-Pierre Leduc décède après une collision avec un camion de soutien. 

Gilles Lalay (1992) : Le motard français et enduriste de talent Gilles Lalay perd la vie après une collision avec un véhicule de l'organisation en Angola. Cet incident souligne la complexité de gérer la logistique et la sécurité d'une course de cette envergure.

Fabrizio Meoni (2005) : Le pilote italien Fabrizio Meoni, déjà double vainqueur du Dakar, meurt d'une chute lors de la 11ᵉ étape en Mauritanie. 

Richard Sainct (2004) : Un autre motard français, l'Aveuronnais Richard Sainct, triple vainqueur du Dakar, décède lors du rallye des Pharaons, une autre course de rallye raid en Égypte. Bien que ce ne soit pas pendant le Dakar, sa mort est ressentie profondément dans la communauté du Dakar.

Jean-Marie Sounillac (1997) : Ce copilote français meurt dans un accident de la route en Libye lors de la 12ème étape du Dakar. Son décès est une sombre piqûre de rappel des dangers omniprésents sur les routes du rallye.

Les accidents impliquant les populations locales, notamment les enfants, les bergers et les habitants des villages traversés par le rallye, sont des rappels poignants des dangers que cette course apportait avec elle, non seulement pour les participants, mais aussi pour ceux qui vivaient le long de son parcours.

Le rallye Dakar en Afrique était une aventure extrême où les participants affrontaient des conditions de terrain parmi les plus difficiles au monde. La nature même du rallye, combinant des déserts hostiles, des pistes cassantes et des conditions météorologiques imprévisibles, signifiait que le danger était toujours présent. Pour beaucoup, l'attrait du Dakar résidait précisément dans ces défis, bien que cela ait parfois conduit à des tragédies.

Richard Sainct

Les défis croissants de l'Afrique

Cependant, au fil des années, organiser le Dakar en Afrique devient de plus en plus complexe. Plusieurs facteurs vont pousser les organisateurs à envisager un départ du continent :

  1. La menace terroriste : C'est la raison principale du départ d'Afrique. Au milieu des années 2000, la situation sécuritaire se dégrade dans la bande sahélo-saharienne. La montée en puissance d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) fait peser une menace réelle sur la course. En 2007, l'assassinat de quatre touristes français en Mauritanie provoque l'annulation de l'édition 2008 à la veille du départ.
  2. L'instabilité politique : Plusieurs pays traversés par le Dakar connaissent des périodes d'instabilité. Les conflits au Mali, en Libye ou au Tchad compliquent le tracé de la course. Les organisateurs doivent constamment adapter le parcours, parfois au dernier moment.
  3. Les critiques environnementales : Le passage des motos et autres véhicules est accusé de dégrader des écosystèmes fragiles. Les images de pilotes traversant des zones protégées suscitent la controverse.
  4. Les tensions avec les populations locales : Dans certaines régions, le contraste entre la caravane du Dakar et la pauvreté locale crée des tensions. Des incidents sont rapportés, avec des pierres lancées sur les concurrents.
  5. Les coûts logistiques : Organiser une course à travers plusieurs pays africains devient de plus en plus onéreux. La sécurité, en particulier, représente un poste de dépenses croissant.
  6. La lassitude de certains pays : Après des années d'accueil du Dakar, certains gouvernements africains commencent à trouver la course trop contraignante par rapport aux bénéfices perçus.

Le départ pour l'Amérique du Sud

Face à ces défis, Amaury Sport Organisation (ASO), l'organisateur du Dakar, décide de délocaliser l'épreuve en Amérique du Sud à partir de 2009. Ce changement est un choc pour de nombreux motards, pour qui le Dakar était synonyme d'Afrique.

Les premières éditions sud-américaines se déroulent en Argentine et au Chili. Le parcours offre une grande variété de terrains : dunes de l'Atacama, passages andins à haute altitude, pistes rapides de Patagonie. Les pilotes doivent s'adapter à de nouveaux défis, comme le mal des montagnes ou les températures extrêmes entre désert et cordillère.

sebastien LOEB peugeot dakar 2018Dakar Rally 2018 en Bolivie , Sebastien Loeb et Daniel Elena, a bord de la Peugeot 3008 DKR - Photo par CristianoBarni -

Si certains regrettent l'ambiance unique de l'Afrique, beaucoup apprécient les nouvelles difficultés techniques. La navigation reste complexe, et les étapes sont toujours aussi exigeantes physiquement. Les foules sud-américaines, passionnées de sport mécanique, réservent un accueil chaleureux aux concurrents.

Sur le plan sportif, la domination de KTM se poursuit avec les victoires de Marc Coma et Cyril Despres. Honda, Yamaha et plus récemment Husqvarna tentent de briser cette hégémonie du fabricant Autrichien. Le niveau de préparation des motos et des pilotes continue de s'élever  et les motos sont de plus en perfromantes et fiables.

Le Dakar en Arabie Saoudite : un nouveau chapitre

Après dix éditions en Amérique du Sud, le Dakar déménage à nouveau en 2020, cette fois en Arabie Saoudite. Ce choix suscite des critiques, notamment liées à la situation des droits humains dans cette pétro-monachie. Mais avec les grand espaces désertique de ce pays de la pénissume Arabique , pour les pilotes moto, ce retour au désert est accueilli avec enthousiasme.

Les vastes étendues saoudiennes très peu peuplées offrent un terrain de jeu idéal pour les motos. Les longues étapes dans les dunes rappellent l'esprit des premières éditions africaines. La navigation redevient aussi un élément crucial, avec des roadbooks parfois délivrés le matin même de l'étape pour éviter la préparation à l'avance du tracé par les équipes assistées par des des armées de spécialistes de la navigation.

Les constructeurs continuent d'innover pour s'imposer pour cette course qui propose aux marque une exposition médiatique mondiale au même niveau que le Tour de France ou les Jeux Olympique. KTM fait évoluer sa 450 Rally pour tenter de maintenir sa main mise sur le rallye (avec biens ouvent en pus les meilleurs pilotes)  , tandis que Honda via le HRC devellope une CRF450 Rally  partiuclièrement performante qui permettra au fabricant Japonnais de mettre fin à la série de victoires de la marque autrichienne. En 2022 Yamaha après plus de 40 ans de compétition, et une dernière victoreen 1998,  annoncera son retrait du Dakar.

 Kevin Benavides HONDA dakar 2024 Kevin Benavidesau guidon de la 450 Honda lors du Dakar 2022 en Arabie Saoudite : Photo par CristianoBarni

L'avenir du Dakar moto : entre tradition et évolution

Alors que le Dakar semble s'installer sur le long terme en Arabie Saoudite, de nombreux pilotes et fans continuent de rêver d'un retour en Afrique. L'idée d'une édition "vintage" sur le continent est régulièrement évoquée. Cependant, les défis qui ont poussé à quitter l'Afrique restent d'actualité.

Le Dakar doit également faire face à de nouveaux enjeux. La question environnementale est de plus en plus pressante. ASO travaille sur l'introduction de motos électriques ou à hydrogène dans les prochaines années. Le règlement évolue également pour tenter de réduire les coûts et rendre l'épreuve plus accessible aux amateurs.

Malgré ces changements, l'esprit d'aventure et de dépassement de soi qui a fait la légende du Dakar reste intact. Pour les motards, qu'ils soient en Afrique, en Amérique du Sud ou en Arabie Saoudite, le Dakar continue de représenter le défi ultime. La course a peut-être quitté les pistes africaines, mais elle n'a rien perdu de sa capacité à faire rêver les passionnés de moto tout-terrain du monde entier.

 si le Paris-Dakar ne se déroule plus en Afrique, c'est avant tout pour des raisons de sécurité. Mais ce départ a aussi été l'occasion de réinventer l'épreuve, en conservant ce qui fait son essence pour les motards : le défi, l'aventure et la passion de la moto poussée à l'extrême.

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