carte IGN Hautes-Chaumes du Forez

Hautes-Chaumes du Forez : une nouvelle menace pèse sur l'enduro

Alors que le secteur des Hautes-Chaumes du Forez, haut lieu de l’enduro français, fait l’objet d’un projet d’extension de classement paysager par la DREAL, une nouvelle enquête publique est en cours. Officiellement, aucune restriction n’est prévue. Mais l’historique local, les précédents réglementaires et l’absence de garanties concrètes inquiètent. Explications et appel à mobilisation.

Nouvelle enquête publique ouverte

Après avoir obtenu gain de cause lors de la révision de la charte du Parc naturel régional du Livradois-Forez (PNRLF), la mobilisation doit reprendre. (voir le résultat de cette mobilisation en fin d'article)

Une nouvelle menace pèse sur l’accès aux chemins des Hautes-Chaumes du Forez, territoire emblématique pour la pratique de l’enduro, bien connu notamment pour accueillir la Rand’Auvergne.

Un projet d’extension porté par l’État

Cette fois, c’est la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes qui propose un classement paysager à grande échelle, visant à protéger le site remarquable des Hautes-Chaumes (à la croisée du département du Puy-de-Dôme et de la Loire) au titre de la loi de 1930. L’objectif affiché est clair : préserver des espaces naturels ou culturels présentant un intérêt artistique, historique, scientifique ou pittoresque.

Le périmètre concerné passerait de 5 763 hectares à 14 161 hectares, soit une extension de plus de 145 %.

Ce type de classement a déjà permis de protéger des sites remarquables comme :

  • Les Crêts du Pilat (Loire), classés en 2015 (1 500 ha),
  • Les Gorges de la Loire (1 350 ha),
  • La Chaîne des Puys – Faille de Limagne, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO (13 500 ha).

Les enduristes aussi concernés par la préservation du site

En tant qu’usagers réguliers, les pratiquants de loisirs motorisés ne rejettent pas la protection de ces espaces. Bien au contraire : ils en connaissent la beauté, la fragilité et la richesse écologique. Les enduristes roulent avec respect, souvent hors périodes sensibles, et participent à la vitalité locale

Mais si le classement semble neutre sur le papier, l’expérience locale montre que les restrictions peuvent suivre, sans dialogue équitable. Les pratiquants d'enduro refusent d’être écartés par des décisions unilatérales prises au nom de l’intérêt général sans concertation avec les premiers usagers du terrain.

L’expérience locale qui appelle à la vigilance

Lors des dernières réunions de présentation, la DREAL a affirmé qu’aucun changement n’était prévu pour les habitants et les usagers. Mais dans les faits, la circulation motorisée est déjà interdite depuis plus de 20 ans sur une grande partie de la zone initiale.

Cette interdiction trouve son origine dans un processus déjà bien connu des pratiquants :

  • 1996 : le Parc du Livradois-Forez accompagne six communes (Saint-Anthème, Valcivières, Job, Saint-Pierre-la-Bourlhonne, Le Brugeron, Grandrif) pour créer une zone de tranquillité réglementée, fondée sur la loi du 3 janvier 1991.
  • 2001 : un arrêté préfectoral (n° 01/04220) interdit explicitement la circulation motorisée sur cette zone, sauf ayants droit.
  • 2019 : plus de 150 panneaux d’interdiction (B7B) sont restaurés et réinstallés pour matérialiser cette réglementation.

Sources :
Parc Livradois-Forez – réglementation circulation
Écho du Livradois-Forez – 2019

Quels risques concrets pour notre pratique ?

  • Interdiction étendue à toute la zone agrandie
  • Fermeture progressive de chemins, sentiers et voies romaines
  • Mise à l’écart des pratiquants motorisés, malgré leur contribution locale et responsable

La circulation dans les chemins n’est pas un caprice. C’est un vecteur économique, social et culturel et un droit légal :

  • Activité pour les gîtes, auberges, garages, artisans
  • Rayonnement touristique du Livradois-Forez
  • Lien entre habitants, visiteurs et passionnés

Exprimez-vous avant qu’il ne soit trop tard

Une enquête publique est actuellement ouverte. Chaque avis compte.

Déposer une observation (avis défavorable recommandé) :
https://www.registre-numerique.fr/classement-site-hautes-chaumes-forez/deposer-son-observation

Consulter le dossier complet :
https://www.registre-numerique.fr/classement-site-hautes-chaumes-forez/documents

Une mobilisation essentielle

Freenduro relaie l’appel lancé par un de nos lecteurs (Alexis) et plusieurs membres de la communauté locale. Même si aucune interdiction formelle n’est inscrite dans le projet de classement, le précédent de 1996 oblige à la vigilance.

Ce classement pourrait devenir un levier pour interdire durablement les loisirs motorisés sans nouvelle concertation. Il est encore temps d’agir. Informez, partagez, mobilisez-vous.

Qu’est-ce que la DREAL ?

La DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) est un service déconcentré de l’État. Elle met en œuvre les politiques publiques liées à :

  • la protection des paysages, de la nature et de la biodiversité,
  • l’aménagement du territoire, les transports et l’énergie,
  • le suivi des procédures environnementales, comme les enquêtes publiques et les classements paysagers.

Dans le cas présent, la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes est l’organisme porteur du projet de classement des Hautes-Chaumes. Elle coordonne les études, rédige le dossier technique, et supervise la consultation publique.

Il est donc essentiel de répondre à cette enquête pour ne pas laisser le terrain aux décisions unilatérales.

Retour sur la précédente enquête publique : une mobilisation décisive

Lors de la précédente enquête concernant la révision de la charte du Parc naturel régional Livradois-Forez, le public s’était déjà fortement mobilisé. Le registre dématérialisé avait recueilli plus de 3400 observations, dont une grande majorité (85 %) portait sur la mesure visant à « réduire les impacts des loisirs motorisés sur les espaces naturels ».

Si certains soutenaient cette mesure, la plupart s’y opposaient, en mettant en avant la contribution des loisirs motorisés à l'entretien des chemins, à l'économie locale et à l’attractivité du territoire. La Commission d’enquête avait jugé ces arguments recevables et reconnu le caractère non justifié d'une interdiction généralisée.

Conclusion de la Commission d’Enquête : le porteur de projet devra désormais clarifier son dispositif dans une nouvelle rédaction, en s’appuyant sur une véritable concertation avec les usagers concernés, notamment les pratiquants des loisirs motorisés à tous les niveaux.

Ce précédent démontre que la mobilisation peut porter ses fruits. Elle doit donc se poursuivre et s’amplifier face au nouveau projet d’extension du classement paysager.

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