KTM frappé par un nouvel arrêt de production : la crise s’aggrave ?
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Nouvelle douche froide pour KTM. Déjà fragilisé par des mois de turbulence financière, le constructeur autrichien est contraint de suspendre une nouvelle fois sa production à Mattighofen. Pénurie de pièces, dettes massives, incertitudes sur le financement : la crise que traverse KTM semble s’aggraver sérieusement, et l’avenir du groupe reste plus incertain que jamais.
Production arrêtée jusqu'à fin juillet
Le couperet est tombé : KTM a annoncé l’arrêt complet de sa production à Mattighofen du 28 avril au 27 juillet 2025.
La raison principale ? Une grave pénurie de composants, conséquence d’une chaîne d’approvisionnement désorganisée depuis le premier arrêt de trois mois cet hiver. Et aussi probablement d'un manque de confiance des fournisseurs qui n'auraient pas été payés depuis plusieurs mois et qui restent sur l'expectative quant à l'avenir de la marque orange.
Selon Gottfried Neumeister, nouveau PDG de KTM, certains fournisseurs ont totalement cessé leurs livraisons, avec des délais atteignant désormais 20 semaines pour certaines pièces critiques. Résultat : après avoir écoulé les derniers stocks, l’usine est contrainte de stopper toutes ses lignes de montage.
Et la situation est loin de s'améliorer : plusieurs sous-traitants, échaudés par des retards de paiement persistants, hésiteraient même à reprendre les livraisons, augmentant le risque d'un arrêt prolongé.
Salaires réduits et semaine de 30 heures pour éviter la casse sociale
Face à cette situation, KTM a décidé de limiter la casse sociale en réduisant le temps de travail à 30 heures par semaine pour ses 3 000 salariés autrichiens, avec une baisse de salaire proportionnelle.
Un accord a été trouvé avec les représentants du personnel pour éviter les licenciements massifs, au moins jusqu’à la reprise espérée fin juillet.
La traditionnelle pause estivale a également été avancée sur juillet, période pendant laquelle la production restera totalement arrêtée.
Une situation financière sous haute tension
À défaut de financement, le groupe serait contraint de basculer en liquidation.
Dans un communiqué officiel de Pierer mobility publié le 22 avril (à lire ici), Pierer Mobility a confirmé le report de la publication de ses résultats financiers 2024, faute d’avoir bouclé à ce jour les engagements de financement nécessaires.
Les dirigeants se veulent optimistes, mais dans les coulisses, l’inquiétude est palpable.
La crise industrielle que traverse KTM s’accompagne d’une situation financière extrêmement tendue.
Le groupe Pierer Mobility AG, maison-mère de KTM, doit impérativement lever 600 millions d'euros avant le 23 mai 2025 pour honorer son plan de restructuration. Fin février, via un communiqué officiel de Pierer mobility publié le 22 avril (à lire ici) KTM annonçait qye ce plan avait été validé par les créanciers, sur la base d’un remboursement partiel de 30 % des dettes.
Problème : à moins d'un mois de l’échéance, les fonds n'ont toujours pas été réunis.
Le passif total serait d’ailleurs bien plus lourd que ce que laissait entendre la communication officielle : selon plusieurs sources, il atteindrait entre 2 et 3 milliards d’euros.
Autre mauvaise nouvelle : la publication des résultats financiers 2024, initialement prévue fin avril, a été repoussée au 30 mai 2025. Ce décalage est révélateur d'un probablement d'une gravité non anticipée : le bilan sera donc publié après la date critique du plan de sauvetage, ce qui n’a rien de rassurant pour les investisseurs et créanciers.
Les dirigeants de PIERER Mobility Group sont sous pression
Pourquoi cet arrêt est-il un énorme risque pour KTM ?
Si l'arrêt de production devait se prolonger au-delà de juillet, les conséquences pourraient être dramatiques.
Sans pièces, même une tentative de reprise estivale serait compromise. Et côté commercial, les stocks de motos dans les concessions européennes risquent rapidement d’être épuisés.
On parle déjà de plus de 250 000 motos invendues entassées dans les entrepôts, fruit d'objectifs de production trop optimistes. Mais sans ventes nouvelles pour injecter du cash, KTM se retrouve pris au piège : impossible de dégager les marges nécessaires pour se relancer.
À moyen terme, c’est donc toute la crédibilité et la réputation du constructeur qui sont en jeu, dans un marché moto de plus en plus concurrentiel. Un nouveau coup dur pourrait entamer encore davantage la confiance des clients et fragiliser la réputation d’un constructeur pourtant emblématique.
Bombardier prêt à entrer au capital : une chance de rebond ?
Un nouvel acteur pourrait venir changer la donne.
Selon plusieurs sources autrichiennes, le groupe canadien Bombardier Recreational Products (BRP), déjà fournisseur pour KTM, serait en discussions avancées pour entrer au capital de Pierer Mobility.
Un partenariat stratégique avec BRP pourrait non seulement apporter l'oxygène financier dont KTM a cruellement besoin, mais aussi consolider son avenir industriel sur le long terme.
Un futur toujours aussi incertain
En attendant, KTM doit jongler entre urgences financières, pénurie de pièces et crise de confiance. La marque joue sa survie dans une partie à très haut risque, où chaque semaine compte désormais.
Les dirigeants de Pierer Mobility continuent d’afficher leur optimisme dans leurs communiqués. Mais sur le terrain, entre fournisseurs méfiants et créanciers impatients, la réalité est autrement plus brutale.
Le spectre d’une liquidation pure et simple, inimaginable il y a encore quelques mois, devient chaque jour un peu plus tangible.
