Romain Duchène pilote Freenduro

Romain Duchène : finisher de la Romaniacs 2015

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Le pilote Aquitain Romain Duchène participait cette année à sa toute première RedBull Romaniacs, et aujourd’hui on revient avec lui sur cette aventure hors du commun.

Interview Romain Duchène

Pourquoi as tu décidé de t’engager sur le course d’enduro la plus dure au monde ?
Romain Duchène : Parce que c'était la suite logique ! Après avoir écumé la ligue, le France, les classiques etc, j'ai décidé de franchir le pas des courses extrêmes qui me trottait dans la tête depuis très longtemps. J'ai découvert cet univers l'an dernier avec l'Espagne et l'Erzberg, la Romaniacs est la suite logique, le défi, la course ultime qui fait peur tout de même. Je pense qu'il était temps d'y aller, je me sentais prêt, je me suis lancé... Un défi contre moi même , me prouver des choses ( j'ai été servi pour la peine ! ), faire taire aussi les mauvaises langues qui m'en croyaient pas capable, puis c'est un aboutissement et une belle aventure pour tout mes partenaires qui me suivent depuis longtemps !

RedBull Romanaics enduro 2015

Tu as choisi de rouler en catégorie Silver (la catégorie en dessous des pro) mais pensais-tu avoir le niveau ?
RD: A la base je voulais m'y engager en pro vivre le truc à fond, mais il faut rester sur terre, je ne suis pas pro, je n'ai pas le temps de m'entraîner suffisamment donc la catégorie Silver est le meilleur choix. Ce n'est pas une catégorie de tourisme non plus, elle est l'étape entre les amateurs et les pros, çà roule vraiment fort et le niveau est homogène. J'ai terminé à la 32ème place, sans ma pénalité j'aurai été aux alentours de la 15ème place, devant moi les mecs ont déjà rouler en pro sur la Romaniacs, 8 étaient en équipe nationale lors des ISDE, ce n'est pas rien !

Nous avions le même parcours que les pros a deux trois difficultés près. Je me suis engagé en silver parce que j'ai jugé mon expérience et ma préparation adéquates à cette catégorie, je ne voulais pas non plus me mettre dans la simplicité et regretter, j'ai tout de même été surpris par le niveau qui a exploser cette année !

photo hard enduro romain Duchène

En chiffres ça donne quoi la Romaniacs ?

  • 5000km aller/retour
  • 2 étapes a l'aller et 2 au retours donc hôtels repas etc
  • 2500 euros d'engagement pilote et accompagnateurs
  • 5 jours de courses, 500km de moto en mode extrême et navigation
  • 6 pneus, 3 mousses, 2 échappements, 2 leviers d'embrayage, 1 kit déco.
  • 40 litres d'essence par jour
  • 1000km pour l'assistance
  • Des tonnes de souvenirs et anecdotes, des larmes, des fous rire, des galères...
  • Une certaine fierté
  • Une aventure unique en famille

 Romain Duchène  enduro  Redbull Romaniacs


Pas trop perdu au milieu de ces pilotes internationaux ? ça se passe comment entre pilotes ?

RD: Oui et non. Non car je n'étais pas seul français, j'ai rejoins les copains auvergnats, Flo, Pierrick et Guillaume ont été au top en me donnant pleins d'info, conseils qui font que j'ai abordé la course plus sereinement sans galérer à savoir où aller, comment çà se passe etc ! Oui car quand j'ai vu les noms de la catégorie Silver je me suis senti intimidé, pas au niveau peut être. Le chrono du prologue m'a rassuré, je me suis dis que j'avais ma place parmi eux.

La suite c'est encore de belles rencontres, l'ambiance est géniale, tout le monde s'entraide, se motive, s'encourage. Pour l'anecdote au départ de la finale du soir après le prologue, j'attendais sagement sur ma ligne, je ne connaissais personne autour de moi. A quelques minutes du départ toute ma ligne s'est regroupé autour de moi et tout le monde s'est pris dans les bras, s'est encouragé, c'était impressionnant et émouvant. Cet épisode restera gravé  pour moi comme une des belles image de notre sport et  aussi révélatrice de l'ambiance des courses extrêmes. L'entraide et le respect des autres concurrents est primordiale,  car sur cette course à tout moment tu peux avoir besoin du copain qui vient de l'autre bout du monde !

photo boubier enduro RedBull Romaniacs 2015

 

Ta plus grosse galère :

RD: Ouf il y en a tellement ! Cette course est une galère permanente ! Je dirais la fin du second jour, la plus dure journée, vers la fin nous étions dans un canyon, un bourbier profond impossible à éviter. Pas grand monde derrière puisque peu de pilotes ont vu l'arrivée ce jour là. Nous nous sommes entraidés avec trois autres pilotes pour s'en sortir pendant près d'une heure en plein cagnard (40 degré ), j'étais complètement sec après  les 8h de moto et là avec cette galère je voyais le temps défiller avec le hors course qui se rapprochait , c'était chaud !

photo enduro Romain Duchène en Roumainie

Ta plus grosse frayeur :

RD: Là aussi y'en a un stock, j'ai fais des traces de freins dans le slibard plusieurs fois ! Je dirais le premier jour en pleine montagne, seul dans un chemin de chèvre, un vide de folie à coté et au bout du chemin une marche de plus d'un mètre avec des rochers partout avec une sortie de quelques centimètres. Je me suis arrêté quelques secondes voir mon Gps, croyant m'être perdu tellement le passage semblait infaisable, puis je me suis lancé et me suis raté sur la fin avec la moto qui me jette vers le vide. Je me suis accroché à un rocher, la moto a repris l'adhérence et elle a failli se retourner dans le vide je sais pas comment j'ai réussi à pousser tout le monde vers en haut, la peur peut-être...

Ton meilleur souvenir :

RD: Tout, la course, l'ambiance, l'organisation, le paysage, les gens etc mais je dirais le final quand j'ai aperçu au loin l'arche d'arrivée ! Il s'est passé  plein de choses dans ma tête à ce moment là, tout le travail accompli, les heures d'entraînement, les galères durant la course, les gens qui m'ont aidé etc. Mon pote Doop disait la veille de cette arrivée, demain tu auras le droit de chialer, c'est chose faite !

 

Par quoi as tu été le plus surpris la-bas ?

RD: Sans hésitation le dénivelé, c'est impressionnant ! Puis la longueur des difficultés, rien n'est infaisable, il n'y a pas de montées où vous arrivez à fond de 5, c'est lent, pentu, usant, des montées qui durent 45min/1h j'en ai pas vu ici encore ! Vous roulez aussi avec le vide tout le temps à coté, c'est pas facile à gérer, la moindre faute et la course s’arrête là... Tout le temps être vigilant, vous pouvez faire un passage de folie a un endroit et 20m après voir votre moto dévaler la pente sur 200m...Le gps aussi est usant mentalement !

Et la Roumanie et les Roumains c’est comment ?

RD: La Roumanie, Sibiu et ces alentours c'est magnifique, très montagneux, sur les sommets s'est somptueux, on en a pris pleins les yeux ! La ville de Sibiu est très belle aussi, très propre, très vivante ! Les gens sont accueillants, très gentils avec de vraies valeurs et une belle éducation, rien à voir avec les clichés des Roms que nous avons ici...

Qu’est qui t’a manqué pour faire un meilleur résultat ?

RD: Beaucoup de choses. De l'expérience, si je me compare aux pilotes Français qui m'ont donné l'envie de venir comme Pierre Pallut ou Mathieu Gagnoud, je n'ai pas leur expériences internationales, ils ont évolué en élite, ont roulé en mondial, Europe etc, moi je ne suis qu'un pilote national, je manque de vitesse de repères etc. Il m'a manqué du roulage mais je le savais avant même le départ, je n'ai pas beaucoup roulé faute de temps et de blessures, mais la volonté a prit le pas sur cela ! Du physique aussi, il est bon mais toujours pareil manque de temps... Puis les facteurs chance et navigation qui m'ont joué des tours mais je peux mettre cela au rayon expérience ! Mais je reste tout de même très fier et heureux de ce que j'ai fais, d'avoir été au bout avec un résultat honorable !

Duchène Roman  RedBull Romaniacs l'endurole plus dur au monde

L’année prochaine tu y reviens ? ou 2015 ça t’a suffit ?

RD: C'est obliger d'y revenir, une fois qu'on y a goûté on a le virus, cette course colle à la peau ! Une fois l'arrivée passée, je me suis posé la question de savoir ce que j'allais faire maintenant. Difficile de vouloir aller ailleurs tellement la Romaniacs apporte. J'ai trouvé tout ce que je cherchais dans le sport, donc oui je serai au départ en 2016 avec qu'une seule envie pouvoir redire YES I'M A ROMANIACS !!!


En 1 mot, quel conseil donnerais-tu aux Français qui voudraient s’engager en 2016 ?

RD: Ce ne sera pas qu'un mot... mais 2 ! Je dirai : " PAS QUE "...

Pourquoi " pas que "? En 2013 quand j'ai décidé de me lancer dans ces épreuves, j'avais contacter Pierre Pallut pour avoir des renseignements. Quand j'ai abordé le sujet de la Roumanie, je lui ai dis il faut un gros physique et un gros mental, il m'a répondu " pas que". Je n'avais pas compris sa réponse, mais aujourd'hui après y avoir participé j'ai compris ! Donc " PAS QUE ! ( Merci Pierre ! ).

 

 

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