Jorge Viegas

Le président de F.I.M s'exprime sur la crise du Coronavirus

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Le président de la Fédération internationale de Motocyclisme (FIM) depuis 2018, Jorge Viegas dans un interview de Jean-Claude Schertenleib, s'est exprimé au sujet de la crise mondial liée à l'épidémie du Coronavirus qui impacte aussi le sport moto.

Économiste de formation, le Portugais Jorge Viegas agé de 63ans, est le présidant de la F.I.M depuis 2018 et il fait face aujourd’hui à une situation totalement inédite pour le sport moto face a cette épidémie de Covid-19 mondiale. Il s’exprime donc aujourd’hui sur l'impact de cette épidémie et évoque aussi entre autre le dopage dans le sport     moto.

Jorge Viegas: "Je refuse de dramatiser"

Dans la crise du coronavirus, peut-on imaginer pire pour un Président de fédération sportive ?

J’espère que non, mais je refuse de dramatiser. Je ne suis pas un virologue, ce n’est pas à moi de dire ce qui peut, ce qui va se passer dans le futur. Je préside une fédération sportive, qui gère aussi d’autres activités motocyclistes, comme le tourisme, la mobilité. Notre but est de pouvoir poursuivre toutes nos activités.

Avec les promoteurs des différentes disciplines, vous êtes acteurs. Mais dans cette affaire, vous êtes surtout spectateurs des décisions politiques ?

Oui. Et nous suivrons toujours les indications des gouvernements et de l’Organisation mondiale de la santé. Nous sommes conscients qu’il faut arrêter la propagation de la maladie. Malheureusement, un état de panique général existe désormais. Et le pire des dangers, c’est cela : l’hystérie collective.

Depuis une semaine, chaque jour, il y a des reports de nouvelles manifestations. Or, il n’y a que 52 week-ends par année. Peut-on imaginer des championnats qui se termineraient à Noël ?

S’il le faut, oui. Imaginons que plusieurs événements doivent encore être annulés et qu’on doive reprendre les courses beaucoup plus tard, eh bien, nous irons jusqu’où il faut pour conserver des championnats dignes de ce nom. Si c’est nécessaire, nous irons jusqu’au mois de janvier 2021. Pour nous, ce n’est pas tabou.

Économiquement, il va y avoir des dégâts collatéraux. Tous ces reports, la saison qui pourrait être prolongée, tout cela a-t-il des coûts ?

Bien sûr, et si on sort un instant de notre petit monde de la moto, il faut s’inquiéter des conséquences globales. Des usines sont arrêtées, des écoles sont fermées, toute l’activité économique ralentit. Il y aura des conséquences, mais elles sont encore difficilement chiffrables.

Le MotoGP est la vitrine des activités sportives de la FIM. Mais il y a d’autres disciplines, comme le Superbike, le motocross, le trial, l’enduro, etc. Le cas échéant, allez-vous suivre des priorités ?

Pas du tout. Les choses ne sont pas conflictuelles entre nos différents championnats, qui représentent la grande diversité de notre sport.

Médiatiquement et économiquement, cette multiplicité ne devient-elle pas un handicap ? Dans toutes les activités humaines, des hiérarchies se créent dans le public, c’est le cas chez nous. Le grand succès de la F1 ?

Simple, dans le monde, elle représente le top du sport automobile. Alors qu’il y a aussi les rallyes, le Tourisme, l’Endurance. Chez nous, c’est un peu la même chose avec le MotoGP, bien que le succès populaire du Championnat du Monde FIM de motocross soit en augmentation, ce qui est très réjouissant.

Mais le grand public ne s’y retrouve plus, ne faudrait-il pas resserrer l’offre ?

Au contraire et on travaille actuellement sur une nouvelle discipline, l’e-bike, réservée aux vélos électriques. Il y a eu des premières courses l’an dernier, une commission interne a été créée et une première Coupe FIM est prévue, avec des épreuves en Europe et en Asie; je viens d’ailleurs d’apprendre que les États-Unis se montraient également très intéressés. Alors non, il n’y a pas trop de disciplines, il y a du sport motocycliste pour tous les goûts, sous toutes ses formes. Une course sur glace ne ressemble en rien à un GP de vitesse, mais venez en voir une, vous serez subjugué!

Passons à autre chose. Avant que ne se déclare la crise actuelle, un dossier brûlant était sur vos bureaux: le contrôle positif à la nandrolone (un stéroïde anabolisant) du coureur de MotoGP italien Andrea Iannone. Or, on attend toujours le jugement…

Le président de la FIM n’a rien à voir avec le procès. Celui-ci a été instruit par les avocats des deux parties, qui ont envoyé les différents documents qu’ils estimaient nécessaires et c’est un comité de trois juges, tous très expérimentés, qui va très bientôt donner sa décision. Après, il y aura la possibilité d’un appel auprès du TAS, aussi bien de la part de Iannone et de son employeur, Aprilia, si la sanction est estimée trop sévère; ou alors de la part de l’AMA (Agence mondiale antidopage) si elle estime que la sanction n’est pas suffisante.

Les spécificités du sport motocycliste vont-t-elles toujours de pair avec la liste des produits interdits par l’AMA ?

Chez nous, l’adresse, le psychisme et le courage sont plus importants que la force physique brute. Sans parler de la problématique des antidouleurs et des analgésiques. J’ai prévu de rencontrer le nouveau président de l’AMA, le Polonais Witold Banka, pour voir s’il serait imaginable d’avoir une liste plus adaptée à nos réalités.

Interview Jean-Claude Schertenleib

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