Apparue au catalogue Beta en 2019, la petite 200 RR a rencontrée depuis un certain engouement auprès des enduristes tant la moto est facile. On sait la moto performante, mais on la voit peu en compétition, on donc voulu savoir ce que cette 200 vallait vraiment en compétition entre les mains d'un pilote expérimenté.
2 jours de course avec la Beta 200 RR
Avec l'aide de la concession GP Motors (concessionnaire Beta à Condom dans le Gers) et de Beta France, on a donc choisi de confronter cette 200 à la compétition en engageant Romain "doop" Barberger à son guidon pour participer à la Grappe de Cyrano 2022. L'objectif de cet essai, était donc de voir si la Beta 200 RR (en version Racing) était capable d'être performante et de rivaliser avec des motos de plus grosses cylindrées tout au long des 2 jours de course.
Laissons la parole à Doop :
La genèse du projet
L'idée a été lancée par Yves Demarque, le patron de la concession GP Motors et mon ancien team mate du Team Freenduro Romain Duchène qui officie maintenant en tant que manager du team GP motors. L’année dernière, alors que j'étais venu voir le team lors du CDF de Langogne j'ai senti qu'il se tramait quelque chose…
"Bon on a une idée, ça te dirait de faire la Grappe de Cyrano avec un 200 BETA ? »
«Heu ... tu sais que ça fait plus de 10 ans que j’ai pas fait de course d’enduro ? Et que j’ai jamais roulé en 200 cc ? »
Mais bon, malgré ces réserves de façade, je sais que le plan est cool, la course sympa ! L'idée me plait ! Donc banco, je vais relever ce petit challenge 10 ans après ma dernière Grappe. On va donc voir si je ne suis pas trop rouillé après toutes ces années et si surtout je peux emmener cette petite 200 Beta jusqu’à l’arrivée en essayant de faire un top 20 scratch.
Romain "Doop" Barberger
Après avoir écumé le championnat de France d'enduro en national (champion 2008) puis en Élite junior (plusieurs podiums 2011/2012) j'étais passé au cross-country (vice-champion scratch 2013 et champion 2014). Ma dernière course d'enduro remontait donc à 2013 pour la Grappe de Cyrano (ou j'avais terminé 10ᵉ scratch) ... donc il y a 10 ans que je n'avais pas mis les roues entre les banderoles !
Depuis j’ai refait un peu de cross en loisir et fait quelques courses de championnat régional (Drome/Ardèche/Isère) que j'ai gagné en MX1 en 2018. Malheureusement en 2019 une grosse chute m'éloigna de la moto pendant 1 an, rééducation des yeux et des cervicales, des mauvais souvenirs et l’appréhension qui va avec. Lorsque le Team GP Motors m'a proposé ce défi, je n'étais pas du tout prêt physiquement. En plus les traditions culinaires de mon Aveyron natal ne sont pas vraiment un atout diététique pour mon poids de forme … Alors en début d'année je me suis un peu remis au sport, histoire de pas trop "tasser" la 200 et tenter de bien figurer… Un peu de vélo de route, motivé par Olivier Chave, ancien suiveur de renom et c'était parti pour l'aventure !
Préparation de la 200 RR pour la Grappe de Cyrano
J'ai pu récupérer la BETA 200 RR modèle Racing 2022 entièrement d'origine ou presque 1 semaine avant l'épreuve, le temps de la roder et pouvoir un peu la prendre en main.
Yves (Demarque) qui connait par cœur les Beta a juste réduit la taille du gicleur de ralenti pour que la 200 consomme un peu moins. Mais à part ça le moteur et la partie cycle sont 100% d’origine. Pour la préparation course on a monté des bib mousse (Waygom) en 120 pour avoir un bon grip d'entrée sans avoir à roder la mousse. À ma demande, Yves a aussi monté un disque de frein arrière plein (qui est au catalogue BETA), le but étant d’avoir un frein arrière moins agressif et un meilleur feeling. D’origine le 200 est bien équipée : chaîne à joints toriques (on n'a même pas refait de tension de chaine de tout le week-end), guide chaine plastique, sabot, protèges mains et tés taillés masse… donc pas besoin d’aller plus loin sur la préparation. En fait, le plus "gros" des modifications que j'ai pu effectuer a concerné le poste de pilotage pour obtenir une position à mon goût et à mes habitudes. J’ai donc recoupé d’ 1 cm le guidon d’origine, ajouté de petites cales sous les pontets pour rehausser l’ensemble de 5 mm, et enfin remplacé les poignées d’origines trop dures par des Renthal plus souples pour un peu plus de confort.
Après avoir effectué le rodage, j'ai pu "taper dedans" sur ma spéciale test et régler les valves grâce au réglage rapide d'origine. J’ai simplement libéré la vis d'1/4 de tour pour qu'elle soit un peu plus vive en mode attaque ! Pour terminer, quelques clics d’ajustement sur la fourche Kayaba et l’amortisseur Sachs, et on était prêt à faire feu…
La 200 RR à l'épreuve des 400 km de chemins de la Grappe
Lors du rodage, avant de monter sur la moto, j’avais une certaine appréhension sur la largeur des ouïes. Impression vite oubliée dès les premiers tours de roues, car on est sur une moto avec une taille de guêpe (je roule habituellement avec un 250 2 temps YZ). Le châssis de la 200 est très proche de la 125, fin, donc c’est léger, maniable et super joueur ! Une racine, un caillou, on se prend vite au jeu de cette partie cycle, réactive, mais stable ! Coté moteur, dans le roulant, le petit bloc est surprenant de force, car il ne faiblit jamais. Forcément, comme c’est un 200 cc, ça se pilote plus dans les tours qu’un 250 ou 300, mais ce n'est pas gênant.
Quand j'ai commencé à rentrer dans les chemins plus techniques de cette Grappe, la moto s'est révélée être une arme ! Avec mon "gros" numéro (j’avais le #478) des chemins étaient déjà bien marqués, mais grâce au poids plume et à l’absence d’inertie de la moto, je n’ai pas subi le terrain et je me suis régalé en jouant avec dans les chemins. J’avais l'impression de retrouver mes 20 ans !
Dans les parties techniques lentes où l’on doit descendre assez bas dans les tours, le moteur est vraiment plein de force et on peut laisser mourir le 200 comme je l'aurai fait avec une 250 ou une 300 !!! Cela ne bronche pas et ça passe facile. En plus, l'embrayage hydraulique Brembo vient bien seconder le petit moteur et aide à trouver la traction.
La seule petite limite que j’ai trouvée à ce 200, c'est lorsqu'on s’attaque à une grande, grande montée ; Là il faut être un peu plus précis sur le dosage des gaz, pour bien garder son élan et ne pas risquer de se bloquer en mi-pente.
Conclusion, cette 200 RR est un vrai régal dans les chemins et surtout, elle ne fatigue pas son pilote ! Malgré ma condition physique éloignée du top guns, après 2 journées de 7 h de moto et quelques 200 km par jour, j'ai trouvé qu'à l'arrivée de cette grappe, je n'étais pas trop fatigué et que je repartirais bien pour une 3ᵉ journée au guidon de cette moto. ;-)
Et face au chrone qu'est ce vaut la 200 Beta ?
Passons en mode attaque !
Pour rappel, avant la Grappe, la Beta et moi avions juste 8 h de roulage au compteur.
Lors du rodage, un ami Aveyronnais (Merci Yanis) m'avait mis à disposition son spot de rêve comprenant du technique, des ornières, de l'herbe, le top pour que je puisse régler la moto pour ce genre de classique et trouver le bon compromis chemin/spéciale sur la partie cycle et moteur.
La fourche KAYABA n’est plus à présenter, et j’ai simplement ajusté son comportement à mon pilotage avec quelques clics et ça a fait le boulot. L'amortisseur lui, par contre, m’a demandé plus de travail. En effet, pour mon poids (82 kg) le tarage du ressort est un peu faible et je trouvais l’arrière un peu mou. Faute de temps, je n'ai pas pu obtenir une valeur de précharge totalement satisfaisante, mais malgré tout l'ensemble était tout de même assez équilibré. C’était juste un peu mou pour moi et mon niveau du moment, mais pas de mauvaise surprise ni de mauvaise réaction. Comme l'idée était de garder la moto la plus proche de l’origine possible, nous avons décidé de ne pas changer le ressort pour l'épreuve.
Dans les spéciales de cette 35ᵉ édition de la Grappe, il y avait un peu de tout, du monotrace dans les ornières et les racines, de la prairie, du cross, de la glisse et un peu d'extrême.
Par rapport aux réglages « chemins ", j'ai juste raffermi la fourche et l'amortisseur. Je le répète, simplement avec quelques clics, mais sans modifier le ressort, l'huile ou les settings internes…
Le réglage de valve est resté le même que celui que j’avais adopté lors du rodage. Idem pour la carburation qu’Yves avait réglée avant de me livrer la moto ! Ça montre bien que d’origine la 200 Beta est très performante !
Dans la spéciale 1 typée ligne qui était certainement la plus technique du week-end, j'ai pu attaquer dans les portions ou j'avais le champ libre, le mode attaque convenant très bien à ce moteur. Le 200 cc ne demande qu’à ce qu'on le malmène ! Dans la SP2, qui ressemblait un peu à un champ de mine lors de mon passage, même résultat et même sensation d'efficacité avec ce mélange d'agilité et de puissance facilement gérable avec la poignée de gaz dans les portions délicates.
Dans les spéciales dans lesquelles on partait groupés (spéciale sur terrain de cross et autocross) j'ai même réussi à claquer 2 holeshots ! Ça marche bien, très bien même... malgré mon gabarit qui lui n'est pas une taille de guêpe contrairement au châssis de la moto... Tout au long des 2 jours au guidon de cette petite 200, j'ai pu attaquer sereinement, rentrer fort dans les ornières, placer la moto comme je le voulais grâce à sa légèreté. En plus avec mon gros numéro (#478) j'ai été contraint de doubler des pilotes en spéciales, et dans ces situations, la 200 est une arme, car avec son petit gabarit, sa maniabilité et sa force moteur, on peut se faufiler partout et doubler rapidement sans prendre de risque !!!
Dans les spéciales en herbe typées prairie, la moto est là aussi très à l'aise. Avec une absence totale d'inertie, on peut appuyer les freinages, changer d'angle rapidement et ouvrir les gaz en grand dès la sortie de virage... En fait, c'est une bécane que l'on peut exploiter à fond ! Quel plaisir !
Le meilleur chrono que j’obtiendrai lors de ce weekend sera une 8ᵉ place scratch et meilleur temps des Nationaux. Au cumul des 2 jours, je suis arrivé à hisser cette petite 200 RR à la 11ᵉ place scratch de cette Grappe 2022. Je pense que le résultat parle de lui-même... On peut vraiment mettre du gaz avec ce petit bolide !
Conclusion :
En conclusion, plusieurs choses me viennent à l'esprit :
Premièrement, surpris par ce « petit » bloc capable d'encaisser 2 jours de courses durant lesquels je n’ai pas ménagé la moto et où je n'ai jamais hésité à cravacher en spéciale. Le truc qui est sympa avec cette moto c’est qu’on peut la mettre à fond sans se faire peur et qu’on peut tout aussi bien rouler à la cool en enroulant dans les chemins.
Deuxièmement, la qualité générale de la moto : Pas de visserie qui bouge ou à reprendre, pas de vibrations désagréables et un équipement complet de série !
Conclusion : après ces 2 jours de course j’ai découvert une moto vraiment attachante et qui à mon avis pourrait convenir à 90% des pilotes tant elle est polyvalente. Cette 200 RR conviendra tout aussi bien aux pilotes qui voudraient une moto capable de faire du franchissement, de se balader peinard ou d’attaquer en spéciale sans se faire déborder par une puissance excesive. Grâce à la légèreté de sa partie cycle associé à son super moteur rouler en 200 RR c’est l’assurance de prendre du plaisir tout au long de la journée sans se cramer physiquement !
Dernière info,pour parler un peu de la fiabilité sur ces 2 jours, le seul entretien réalisé lors de la course fut un changement des pneus et un filtre à air le samedi soir ...
Conclusion, n'hésitez pas à vous intéresser à cette petite bêt(a)e pleine de charme qui pourrait bien vous surprendre !
Si voulez plus d'infos sur cette 200 vous pouvez concacter la concession Beta GP Motors à Condom au: 05 62 28 26 60
Si vous avez des questions sur la moto / la préparation course / etc n'hésitez pas à les poser dans vos commentaires ci-dessous , on y répondra au plus vite et si il y a beaucoup de questions on fera même un live avec Romain Barberger pour y répondre.